jeudi 22 février 2007

Ne pas lâcher, ne pas croiser !

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Les cordonniers sont les plus mal chaussés ! Je suis la preuve vivante que ce proverbe est d’une vérité infaillible. Je suis haut alpin d’origine et j’ai attendu d’avoir 23 ans pour savoir skier. On ne se marre pas s’il vous plaît, car apprendre tardivement à tenir sur des planche farté est une épreuve qui vous marque pour le restant de votre vie. Je ne parle pas des bleus et bosses inévitables lors de cette apprentissage, mais de la douloureuse sensation de penser pour un con. Hé oui les amis apprendre à skier lorsque vous êtes un enfant c’est mignon comme tout, mais lorsque vous avez 23 ans, c’est grotesque.
Déjà, j’ai eu la mauvaise idée de me la péter au pied des pistes. Décontracté, lunettes Vuarnet au nez, neutrogena aux lèvres, combinaison et chaussures flambant neuves … mais de location, Ski Dynastar sur les épaules, me voilà donc toisant mon monde jouant le mec blasé, titulaire d’un bac + 19 spécialité ski alpin. Je suis à la limite d’ôter mon gant pour palper la neige. Mais le moniteur ESF qui gueule au milieu de tout le monde « c’est vous le débutant qu’avez demandé un cours » jette un froid qui me persuade que la neige sera cruellement bonne aujourd’hui.

Première épreuve, chausser ses skis et s’avancer vers la perche. Il n’y a que 10 mètres entre moi et cette foutue perche, le sol est plat comme le dos de la main et pourtant impossible de tenir droit sur ces enfoirés de skis. Je saisis très vite l’intérêt du bâton : il me sert à tenir droit …. et a crever les yeux de mes voisins dont je sens bien que leur regard sur ma personne a sensiblement changé. Le geste est vaste, peu précis et extrêmement dangereux. D’ailleurs je m’aperçois que je suis devenu en quelques seconde un no man’s land. Même le moniteur est à 15 mètres de moi et me crie « gardez votre calme M Dujol ! ». Cette phrase résonne encore dans la vallée. Je dégouline de sueur, j’ai mal aux jambes, et je n’ai fait que 5 mètres !!
Deuxième épreuve, prendre le tire-fesse. Nous ne faisons jamais suffisamment attention au sens des mots. Tire-fesse signifie bien sa fonction; il tire les fesses. Nous sommes d’accord. Alors expliquait moi pourquoi, je m’y suis assis !!!!! La perche part sans moi. Sa pouffe dans mon dos. Effectivement il faut un bac + 19 pour aller skier. Le perche man m’explique que je dois me laisser tirer par la perche. Il est mignon !!! Cette fois ci c’est parti. Je suis aussi raide que ma perche. Seul mon bonnet rouge nous différencie. Mais c’était trop simple, mes skis veulent se croiser. Dans un effort surhumain j’essaie de les maintenir parallèles. D’ailleurs M. ESF ,derrière moi, continue à hurler « skis parallèles, M. Dujol, skis parallèles ! ». Ma concentration est extrême. Ne pas croiser, ne pas lâcher. Plus je m’obstine et plus je m’affaisse. Au sommet j’ai l’air d’un crapaud pris à l’hameçon au bout d’une canne à pêche. « Lâcher ! Lâcher ! » me gueule le Guy Lux des neiges. Je lâche et je croise. Je m’étale de tout mon corps. J’ai de la neige dans les narines, dans les manches de mon blouson, et comble de l’humiliation,j’ai perdu un verre de mes Vuarnet. En bref, j’ai l’air d’un con. Je le sens au regard de ceux qui me passent à côté et qui repartent d’une aisance déconcertante dans la descente enneigée.
Troisième épreuve : descendre. Un mot résume à merveille cette descente. Une tuerie. Je me tape la piste en long, en large, en travers et même à l’envers. C’est dingue comme les skis glissent quandt on est en sens inverse de la descente. j’ai beau planter mes doigts dans la neige pour tenter de me freiner, rien n’y fin, je glisse, je glisse, je glisse et je tombe! Lassant le ski. Je vous épargne l’épisode du planté de bâton. Les Bronzés l’on mieux fait que moi. De même que la conversion. Demander à un fanatique du ski alpin, il vous convertira.

Un autre proverbe dit « là où il y a de la vie, il y a de l’espoir ». La encore je confirme. Je ne pouvais rester sur une telle expérience. J’ai ravalé ma fierté, j’ai viré Miss ESF et je suis parti tout seul sur les pistes apprendre à skier – véridique-. J’ai une technique de merde, un style de merde, mais je passe partout !!! Du coup désormais, lorsque je vais skier , je suis décontracté, lunette Vuarnet au nez, neutrogena aux lèvres, combinaison et chaussures flambant neuves …

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