dimanche 4 mars 2007

Méchantes choses


Je fais parfois des crises de paranoïa aiguës. Je suis alors convaincu d’être victime du complot maléfique des objets qui m’entourent. Cette impression bizarre que les objets décident d’un commun accord de vous faire payer du peu de considération que nous avons à leur encontre. Une forme d’intelligence collective qui n’a pour seul dessein vous pourrir la vie.
Imaginez vous rentrant du boulot avec une migraine à vous taper la tête contre les murs. Situation d’autant plus terrible que vous n’aviez pas de comprimés à portée de main au bureau. Bonheur du retour au foyer et de sa pharmacie au dessus du lavabo. Vous saisissez le tube d’Efferalgan et vous vous dites que ces finalement votre jour de chance puisqu’il ne reste plus qu’un seul cachet. Vous retournez le tube, pour saisir le précieux médicament, mais voila que celui-ci glisse de travers et ce bloque entre les parois de ce tube. Vous le secouez comme un damné mais me comprimé refuse de céder. Vous tentez de le récupérer avec le doigt. En vain, celui-ci n’est pas assez long ! Exténué par la douleur, vous saisissez violemment un couteau pour l’enfoncer dans le tube. Perte de lucidité ou peut être bien manigance du tube, vous vous plantez la lame dans la main. Vous hurlez de douleur. Les vitres de la salle de bain s’en souviennent encore.
Vous avez lâchez prise. Vous regardez tomber le tube au sol qui se met à rouler inexorablement sous le meuble range serviettes. Vous vous rappelez cruellement que le montage de celui-ci vous avez coûté l’ongle du pouce…. De fureur vous lancez le couteau dans le lavabo qui dans sa trajectoire embarque le bouchon du tube d’Efferalgan dans le trou d’évacuation de celui-ci…. Le miroir d’en face, vous renvoie l’image d’un homme en état de décomposition mentale assez avancée. Cela vous persuade sur la nécessité vitale de récupérer ce comprimé. Allongé sur le sol vous essayez tant bien que mal d’étirer votre bras au maximum et de faire gagner quelques millimètres à votre doigt décidément bien trop court.
Le découragement vous guette. La larme est à l’œil, ce qui n’est jamais bon signe. Vous levez les yeux au plafond comme pour implorer le dieu tout puissant de la salle de bain. Vous a-t-il entendu ? Au dessus de votre tête vous apercevez le gobelet à brosse à dents. Votre salut passera par cette brosse à dents. Mais la fatigue et la douleur parasite votre lucidité. Vous tentez de récupérer cette brosse en restant allongé au sol. Celle-ci vient avec son gobelet qui atterrit sur votre arcade sourcilière. Vous le saviez que c’était une bêtise d’acheter ce gobelet en terre cuite à cet artisan tunisien lors de vos dernières vacances ….
C’en est trop. Bien trop de souffrances pour une simple migraine. Vous vous lavez la main couverte de sang, et vous vous apercevez que le bouchon du tube d’Efferalgan ,certainement solidaire de son comprimé, est resté en travers du siphon du lavabo. Une soirée bricolage s’annonce.
Vous vous sentez bien seul dans votre salle de bain, avec cette drôle d’impression que tous les objets qui vous entourent se foutes copieusement de votre gueule. Et c’est à ce moment très précis, que l’idée du complot des objets s’insinue dans votre esprit !

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