samedi 17 mars 2007

Halte au feu !

L’attente au feu rouge ! Il y a dans cet instant quelque chose de surréaliste. Noyé au milieu du trafic, nous avons la certitude d’être seul au monde. Comme si la taule et le verre qui nous ceintures étaient un véritable mur qui nous isolerait des regards d’autrui. Hors nous exposons une certaine intimité comme jamais.

Il y a d’abord l’archéologue. Celui-ci engage avec son doigt un véritable chantier de fouille dans ses narines. Le regard perdu, nous percevons que toute son attention se cristallise sur un morceau rebel. Apparemment il y a résistance. Mais c’est bien souvent le son du klaxonne de ses voisins qui lui donne le coup de grâce.

Il y a la coquette qui, à peine le feu passé au rouge, se précipite devant le rétroviseur du pare brise. Nous avons droit à un check up complet. Les yeux, le teint, les lèvres, les dents …. D’ailleurs ce check up se métamorphose rapidement en re-make up ! Les klaxonnes des voisins sont vains ….

Il y a le pressé. Celui qui n’a pas eu le temps d’enlever sa veste, de déjeuner, de téléphoner au bureau pour prévenir qu’il serait en retard. Le feu rouge est l’instant ou jamais de rattraper le temps perdu. Il tente d’enlever sa veste avec la ceinture bouclée, en tentant d’une main de composer le numéro du bureau et de l’autre d’attraper le croissant poser sur le siège du passager. En principe c’est au moment le plus critique que le feu passe au vert. Le croissant dans la bouche et prisonnier de veste, il tente d’expliquer avec ces sourcils qu’il ne peut techniquement démarrer sa voiture. Là encore les klaxonnes des voisins sont vains.

Et puis il y a moi, qui regarde cette faune et qui donne la mauvaise impression de se mêler de ce qui ne le regarde pas. A l’image des deux vieux au balcon du Muppet show. Le coup d’œil des observés à mon égard est sans équivoque. Alors je fais mine de rien. Je fais celui qui est passionné par le panneau publicitaire qui est en arrière plan. Le feu passe vert, et je suis rouge écarlate de honte. J’enclenche mal la première. Je cale. Les klaxonnes insistent. L’archéologue, la coquette, le pressé me doublent et me fusillent du regard. Halte aux feux !

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