lundi 24 septembre 2007

Mon vélo était une moto

C’était plus fort que moi. Lorsque j’étais gamin mon vélo n’était pas un vélo, mais une moto. Et pour preuve, Motobécane était inscrit sur le cadre et une béquille habillait le bas du vélo. Une vraie béquille comme celle des motos. Mes camarades posaient leur vélo contre un mur, le mien trônait au milieu de la cour. Je m’appliquais à tourner le guidon pour que la roue soit un peu de côté comme avec une moto.

Malheureusement j’étais bien le seul à être persuadé de chevaucher une moto. « Et l’autre, elle n’a pas de moteur ta bécane. En plus on entend que le couinement de ta pédale … » La vérité sort de la bouche des enfants et elle est parfois bien cruelle. Mais pas question de céder sur ce point. Mon vélo est une moto.
J’eus d’abord l’idée d'’imiter le bruit du moteur avec mes cordes vocales. Le seul souci est qu’un vélo n’avance que si on pédale. Et pour pédaler il faut du souffle. Si au départ le bruit s’apparentait à une Harley, il avoisinait celui d’un solex sur la fin. Je désespérais …

Puis la lumière vint d’un cousin. « Accroches des cartes à jouer sur ta fourche avec des pinces à linge ». Sceptique je m’exécutais. Et là miracle, mon vélo pétaradait comme un moteur à quatre temps. Mon vélo était enfin une moto. J’ornais celui-ci de pinces à linge multicolores et de cartes à jouer au point qu’au moindre coup de pédale je faisais vibrer les vitres des maisons du village. Je l’avoue, j’étais aussi fier que le coq de la basse cour que je prenais plaisir à poursuiter avec mon vélo à moteur en carton.
Jusqu’au jour, où le panier à pinces à linge de ma grand mère et le paquet de cartes à jouer de mon grand père furent désespérément vides … La course poursuite qui s’ensuivit entre mon aïeul armé d’un balai et moi sur ma machine pétaradante me fit vite comprendre que non seulement mon vélo n’allait pas aussi vite qu’une moto et que définitivement je manquais de souffle.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Chez moi également, quand il manquait l'une ou l'autre carte dans le jeu, on savait vers qui se tourner... mais ce bruit en valait tellement la peine... Le paradoxe dans tous ça, c'est qu'on était persuadés d'aller plus vite avec ce bruit.