Ce bonbon était une poudre qui pétillait sur la langue. Un poudre grossière et de couleur orange. Un truc pas vraiment bon, franchement chimique mais qui, top du top, crépitait sur la langue. J’ai encore ce crépitement en mémoire. La meute de garçons à laquelle j’appartenais, l’avalait à coup de godet à pelleteuse. Et on se tirait la langue histoire de montrer aux potos comment ce sucre acidulé nous explosait le bocal.
Un jour l’un de nous, nous expliqua qu’il fallait arrêter d’ingurgiter cette matière car elle était un nid à caries. Il fut immédiatement ostracisé de notre communauté. Son père étant dentiste, il était évidemment l'instrument de la propagande ennemi.
Et puis vint un autre jour. Un gars de passage nous expliqua que ce bonbon chimique donnait le cancer. Un cancer foudroyant qui te séchait en quelques heures. D’ailleurs en Amérique des ambulances frigorifiques ne cessaient de faire la navette entre le collège et la morgue de l’hôpital, tant les jeunes victimes étaient nombreuses. Un silence de mort s’installa dans le cercle. Nous venions de comprendre que si l’on pouvait toujours soigner une carie, nous ne pourrions pas nous relever d’une mort qui tue tout net.
A l’age où se dégonflait devant ses camarades de jeu équivaut à un hiver nucléaire, nous ouvrîmes grand la bouche pour terminer le sachet que nous avions encore en main. Les tronches n’étaient plus à la fête … nous nous attendions à voir rappliquer dans la seconde suivait l’ambulance frigorifique.
Le lendemain matin, j’avais une sucette aux lèvres. Mais attention, au coeur de la boule en sucre, se dissimulait un chewing-gum. Un truc pas vraiment bon, franchement chimique mais qui, top du top, en mettait plein la vue ….